La Cage de l’Ombre Forte
publie le catalogue de l’exposition
ARCHIVES
DES IMPRESSIONS
MÉLANCOLIQUES
Fragments d’une collection
YVES CARREAU
présentée par la grange du Boissieu
du 29 septembre au 28 octobre 2018
les samedis et dimanches
de 14h à 19h.
Vernissage de l’exposition
et présentation de l’ouvrage
le samedi 29 septembre à 15h
Tout au long de sa vie, Yves Carreau s’est passionné pour l’image sous toutes ses formes : du signe abstrait à la figuration, du noir et blanc à la couleur, de la miniature au grand format, de la pièce unique aux multiples.
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CLIQUEZ SUR LA PREMIÈRE IMAGE DU PANNEAU AFIN D’ENGAGER LE DIAPORAMA.
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Sélection de pages du catalogue reproduisant les œuvres exposées :
Linogravures, sérigraphies, xylogravures, dessins.
Contact : la grange du Boissieu
www.lagrangeduboissieu.fr
Alexandre Baumgartner (06 80 32 29 44)
Place Denis de Boissieu, Le Boissieu, 38530 La Buissière
Extraits choisis par Marguerite Dewandel :
Le Roman et le sens de la vie de Dominique Rabaté, 2010, éd. José Corti.
Deux longs extraits de ce livre que je ne parviens pas à quitter, pour l’écouter encore un peu, M.D
Les extraits retenus sont présents dans le chapitre III :
L’irrémédiable et l’inoubliable
(sur Voyage au Phare de Virginia Woolf)
Premier mouvement.
« (…) l’inquiétude sur le « sens de la vie » peut faire irruption selon deux modalités très différentes : soit à l’occasion d’un moment, qu’il soit propice ou bien angoissant où le personnage est saisi par un doute fondamental sur la valeur de ce qu’il fait ; soit depuis un tout autre point de vue, si l’on perçoit toute la vie d’un individu réduite à un laps de temps, si c’est depuis la mort et l’effacement que s’égalise dans une curieuse indifférenciation ce qui fait le trajet d’une existence. »
Deuxième mouvement.
« Dans cette « transaction » inégale, deux recours s’offrent à Mrs Ramsay. La première pensée qui peut rétablir la balance est la prise de conscience que rien ne s’oublie, que le temps n’emporte pas tout irrémédiablement. Un peu plus loin dans le fil de son monologue intérieur, Mrs Ramsay note avec soulagement : « les enfants n’oublient rien ». Cam et James garderont, par delà les années, le souvenir vif de ce moment extraordinaire.
(…)
Le deuxième recours, ou le deuxième moyen de lutter contre la force implacable et écrasante de « la vie », conçue comme puissance impersonnelle d’effacement, réside dans la capacité (momentanée mais enchanteresse) à se dissocier du moment, à échapper à ce qui constitue sa durée propre pour accéder à une sorte de hors-temps*. C’est ce qui arrive à Mrs Ramsay, pendant le long dîner de la première partie. Plongée dans ses pensées, tout en assurant ses devoirs de maîtresse de maison, elle se « dissocie du moment » ; elle sort du flux des conversations pour accéder à ce qui est devenu à tout jamais. Voici le passage qui rend compte de cette perception extraordinaire :
L’ambiance était là, elle les environnait. Elle participait de l’éternité - se dit-elle, servant avec soin un morceau particulièrement tendre à Mr Bankes -, sentiment déjà éprouvé une fois cet après-midi à propos de quelque chose de différent ; il existe une cohérence dans les choses, une stabilité ; quelque chose, voulait-elle dire, échappe à tout changement et brille (elle jeta un regard sur la fenêtre avec son frissonnement de lumières réfléchies) à la face du fluide, du fugace, du spectral, tel un rubis ; de sorte qu’à nouveau ce soir, elle éprouvait cette sensation déjà éprouvée dans la journée, de paix et de repos. De semblables moments, songea-t-elle, est fait ce qui demeure à tout jamais. Ceci demeurerait. »
* C’est moi qui souligne (MD).
Pour poursuivre : entendre l’auteur