EXTRAIT
« UNE COLLECTION(1)
Saint-Marcouf, janvier 2014
Hubert se tient sur le seuil, prêt à franchir le cadre de la porte.
En contre-jour, sa silhouette fragile.
C’est jeudi(2). Ils sont tous assis dans les larges fauteuils dont Maxime(3) a hérité récemment. Calmes et silencieux. Ils viennent d’interrompre leur débat et se tournant lentement vers le dernier arrivant, ils l’observent.
Hubert est grand et doit se baisser un peu pour entrer dans la pièce. Dans sa main gauche, il tient un ouvrage qu’il brandit, fébrile :
_Ça marche. L’article est publié. Il est publié ! Davvero, quelle lutte !
_Ne crie pas. De quoi parle-t-il ? soupire Élie(4)
Maxime acquiesce :
_Il me fatigue, vivement que Rodolphe revienne.
(…)
Notes
1. Une collection, catalogue raisonné de la collection Louis Soufier-Deleure
En préparation aux éditions Melpomène de Doucigny, collection Les collections, préface d’Alain Farfall, 364 pages, 20 x 25 cm, 326 reproductions.2. Les réunions du jeudi nommées Les jeudis de Saint-Marcouf (rencontres initiées par Monsieur Ker) avaient lieu autrefois à la librairie Les Modernes, mais en 1986 Maxime proposa sa maison normande et son appartement parisien pour abriter ces échanges pour lesquels tous ont préparé des lectures de table (nom donné aux contributions par Monsieur Ker).
Les jeudis de Saint-Marcouf, Correspondance, Maxime Darfonville - Louis Soufier-Deleure - Élie Pontpuiseux, ouvrage en préparation à La Cage de l’ombre Forte / éditions.3. Maxime Darfonville, Climat tempéré, Yoshimasu Publishers, collection Ciel noir, 168 pages, 20 x 25 cm, 46 reproductions. Dans cet ouvrage, Maxime mêle des textes, des photographies et des dessins évoquant la fameuse maison du cantonnier dont Élie fit le personnage principal de sa dernière pièce Carrée jouée en 2013 au théâtre de Kutimô et publiée aux éditions Melpomène de Doucigny.
En ligne : Maxime Darfonville, Une éventuelle biographie parmi d’autres,
La maison du cantonnier.4. Élie Pontpuiseux, Le Jardin Bleu, le graphisme comme poétique, éditions Melpomène de Doucigny, préface de Denyse d’Artemes, 134 pages, 14 x 22 cm, 26 reproductions, 1998.
(…) »
Une première version de ce texte écrite pour Hubert Renard dans le cadre de son projet Remerciements à Hubert, pour son soutien sans faille ? a paru en avril 2012 dans ce site.
TEXTE PUBLIÉ PAR LES ÉDITIONS Art&Fiction
dans la revue DOVBLE V
#7 (2014-2015) Qu’est-ce qu’un livre ?
EXTRAIT DE LA PRÉSENTATION DE CE NUMÉRO :
« Depuis celui que l’enfant fabrique de ses mains en pliant quelques feuilles en quatre pour les coudre ou les coller ensemble jusqu’à celui que le voyageur agacé utilise pour écraser des moustiques, le livre est là, au cœur des fantasmes et des activités humaines, même lorsqu’il n’est pas lu. Ce numéro de DOVBLE V est consacré à cela : au livre en tant qu’il est là plutôt qu’en tant qu’il est lu. »
EXTRAIT DE LA PRÉSENTATION DU TEXTE DE MARGUERITE DEWANDEL
Le livre qui manque encore…
Il est présomptueux de répondre à cette question car ce livre existe peut-être quelque part.
J’envisage ce livre comme le catalogue d’une bibliothèque imaginaire peuplée de livres fantômes. Ce recueil livrerait le titre, l’auteur et un descriptif succinct de chaque volume fictif sans jamais évoquer le contenu. Pourtant la lecture qui n’aurait jamais lieu promettrait tellement qu’elle laisserait une empreinte romanesque sur le lecteur empêché.